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La situation d’observation

Une troisième situation que nous avons appelée situation d'observation demande à l'enseignant d'assimiler un certain nombre de micro-gestes bien spécifiques et très différents des deux premières situations présentées. Cette situation est à rapprocher de la situation-problème. La finalité est la même, le but est que l’élève se pose des questions. La tâche consiste à se confronter à un obstacle, un objet de savoir. La situation d’observation a une contrainte particulière liée aux disciplines artistiques, en ce qu’elle sollicite les sens. Si l’objet est clairement défini en mathématiques, en sciences, en histoire et géographie, dans les disciplines artistiques, l’objet est loin d’avoir la même stabilité, il dépend entièrement de nos « capteurs d’information » que sont essentiellement l’œil et l’oreille.

 

-          L’institution : « Des repères culturels pour une expérience commune »

 

Dans cette situation, il est important que chaque élève, soit dans un premier temps sollicité individuellement. L’objectif est de développer les conduites de perception. L’enseignant a un impératif : créer des repères chez l’élève, stimuler ses conduites de perception. L’objectif est de lui apprendre à être attentif au monde qui l’entoure, avant de lui apprendre à savoir repérer certains éléments d’un langage nouveau pour lui.

La démarche consiste à partir de ce que chacun perçoit pour enrichir le groupe. La diversité des perceptions individuelles est une chance à saisir avant que ne soient reprises collectivement ces différentes propositions exprimées par le groupe.

Percevoir + Repérer + S’approprier = Construire une identité culturelle.

Reconnaître des éléments du langage plastique, musical, corporel en danse… pour qu’il puisse ensuite dissocier ces éléments en vue d’acquérir des repères de l’ordre du style, de l’esthétique.

Comment donner des repères culturels à toute une couche de la population ? Comment permettre aux élèves de rencontrer une autre culture que celle véhiculée par les parents et les médias, afin qu’ils se construisent une véritable identité culturelle ? Depuis 2008, les textes officiels imposent l’enseignement de l’histoire des arts à l’école. L’enseignement de l’histoire des arts est obligatoire à l’école primaire et secondaire en France, Le texte stipule que :

 -          « L’enseignement de l’histoire des arts est un enseignement de culture artistique partagée. Il concerne tous les élèves. Il est porté par tous les enseignants. Il convoque tous les arts. Son objectif est de donner à chacun une conscience commune : celle d’appartenir à l’histoire des cultures et des civilisations, à l’histoire du monde. Cette histoire du monde s’inscrit dans des traces indiscutables : les œuvres d’art de l’humanité. L’enseignement de l’histoire des arts est là pour donner les clés, en révéler le sens, la beauté, la diversité et l’universalité »[1].

 

-          L’élève ou l’étudiant : « un découvreur »

 Dans une situation d’observation, l’objectif est de stimuler l’arc réflexe de la perception, l’unité de base des activités intégrées dans le système nerveux entre percevoir, analyser et comprendre. La finalité pour l’élève est d’apprendre à se concentrer, se connecter directement sur l’objet de culture pour comprendre qu’il appartient à une histoire. Il doit être capable de repérer les différents éléments du langage, avant d’apprendre à dissocier ces éléments, pour qu’il puisse en fin de parcours, acquérir des repères historiques voire esthétiques en art.

Dans un va-et-vient permanent entre une perception globale et fragmentée, de la perception objective à une plus subjective, l’élève va se confronter à des objets de savoir qui vont lui permettre de rencontrer et s’approprier des traces. La finalité est de lui faire comprendre que son histoire personnelle ne s’arrête pas à sa naissance et à son milieu, qu’elle va dépendre des différentes rencontres qu’il fera, et qu’elle sera intimement liée aux objets culturels qui le façonneront.

Il doit apprendre à s’intéresser à ces « traces indiscutables », qu'elles soient historiques, scientifiques, littéraires, artistiques, elles sont les témoins du temps. Chacune est une parole qui dit quelque chose d’une époque et d’un temps, elles doivent nous permettre de mieux percevoir et comprendre le temps dans lequel nous vivons. L'élève est un observateur, l'enseignant est un passeur, l'élève ne demande qu’à être accompagné dans sa découverte. Il devra être sécurisé, stimulé, encouragé pour réussir à « a-percevoir » ce qu'il ne peut encore percevoir.

-          L’enseignant : « un passeur de culture »

 L’enseignant doit inventer les situations les plus variées possibles. Chacune d’elle doit permettre à l’élève d’être suffisamment en confiance pour qu’il ose faire devant les autres. Par un questionnement le plus approprié, l’élève est invité à donner des réponses : verbales, graphiques, corporelles, il doit accepter de se laisser surprendre par ce qu’il ne connait pas. L’enseignant doit être capable de stimuler, de donner confiance, avant de tenir compte des propositions des élèves. Il doit ensuite permettre à l’ensemble d’une classe de se les approprier. Autant de compétences qui vont lui demander de savoir trouver les bons mots, les bons micro-gestes dans la médiation éducative.

L’enseignant doit savoir réagir et s’adapter aux situations même les plus inattendues. L’enseignant doit accepter de se laisser surprendre par une proposition, il faut savoir que nous ne percevons pas tous d’emblée la même chose. Il doit apprivoiser le groupe dans ses réactions les plus incongrues. Plus il saura solliciter le groupe et repérer des propositions variées, plus on peut considérer qu’il aura de chance d’intéresser ses élèves.

Tout dépend donc de sa réaction dans l’instant et sa capacité à dédramatiser, cadrer puis trier, et en tirer des repères permettant à l’élève et l’étudiant de se situer. Une somme de postures, d'attitudes et de comportements plus ou moins contrôlés. L’enseignant est un médiateur qui doit reconstruire dans l’instant, à partir des éléments perçus, avant de permettre à l’ensemble d’un groupe de se construire progressivement une culture commune. L’enseignant devient un passeur de connaissances et de culture, dont le véritable enjeu est : « de transmettre un patrimoine et un répertoire souvent délaissés par les pratiques effectives de l’enseignement scolaire »[2]. I Mili et R. Rickenmann, (2004).

Mais être un passeur de culture dépend étroitement de la posture et de l’attitude que l’on va développer en face du groupe. L’émotion vécue en direct devant les élèves, est aussi un micro-geste particulier.
Par cette médiation, l’enseignant rend possible ou non la rencontre avec l’objet de culture.

 

[1] Tiré du BO, n°32 du 28 août, 2008.

[2] MILI, Isabelle, RICKENMANN, René, (2004). La construction des objets culturels dans l’enseignement artistique et musical, Raison éducatives, N°2, pp.165-196.