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La situation de lecture

 

-          L’institution : « L’écriture comme trace »

 

L’enseignant inscrit des signes au tableau ; ces signes sont la trace de ce que l’on est en train d’apprendre. Du geste graphique posé jusqu’à son décodage par l’élève, le signe doit être décrypté visuellement, individuellement ou collectivement. Les situations où le tableau se trouve en ligne de mire des élèves sont nombreuses, la finalité est de construire des traces pour mettre en mémoire le ou les objets du savoir. Dans le socle commun de connaissances et de compétences, il est dit que la maîtrise de la langue française est une priorité absolue qui est elle-même centrée sur la capacité à lire et comprendre des textes variés. Cette question relative à la lecture, est donc un passage obligé pour tout enseignant, elle induit de fait, les réponses vocales et corporelles que l’enseignant va devoir donner dans l'instant.

Dans les disciplines scientifiques, pour les deux champs disciplinaires que nous avons étudiés plus précisément, les mathématiques et la physique, toutes les démonstrations passent par le tableau. Il est le point de convergence de tous les regards. A cause de l'écriture de formules plus ou moins longues, l’enseignant tourne très souvent le dos aux élèves... Cette contrainte complique sérieusement la situation en fonction des publics. Inévitablement, l'utilisation de cet espace particulier, va automatiquement induire un type de micro-gestes et de comportements bien précis. Ce système de contraintes n’est pas neutre, il nous interroge sur la place que doit avoir un enseignant dans sa classe en fonction des supports qu’il a à sa disposition. Quel sera son recul par rapport à la diversité de ces supports ? Comment le professeur va-t-il pouvoir animer la situation d’enseignement en tenant compte de ces différentes variables ? Ne risquent-elles pas de perturber le fil de la relation avec les élèves ? Les gestes utilisés, peuvent-ils de fait, rester les mêmes ?

Différents exemples me reviennent en mémoire, ils montrent à quel point cela peut avoir une incidence sur la conduite d’une séance. Cela me rappelle certains cas, comme ce professeur d’Université, quelque peu handicapé et perturbé par certaines situations très spécifiques où le quart des étudiants est venu pour perturber son intervention, et qui, sitôt qu’il tourne le dos entend une ménagerie. Ce peut-être encore ce Travaux Pratiques (TP) d'informatique où les étudiants ont, de par la disposition de la salle, le dos tourné et ont du mal à suivre ce que l’enseignant est en train d’expliquer et écrire. Ou encore, lors de leur retour de stage dans le cadre de la formation initiale des masters de premier degré, les nombreux échanges des étudiants relatant certaines situations particulières dues à la médiocre qualité de leur écriture au tableau...

 

-          L’élève ou l’étudiant : « un décodeur »

 

Dans cette situation, l’élève prélève des informations au tableau ou sur son livre ; l’objectif est de faire en sorte qu’il soit capable de décrypter les informations perçues avant de les restituer mentalement et de pouvoir s'en servir. La compétence qui est en jeu est la maîtrise d'un langage, qu'il soit : mathématique, littéraire voir plastique ou musical. Dans la construction de sa représentation mentale, plusieurs étapes sont comme autant de passages obligés, qui vont de la perception visuelle d’un objet au sens construit.

 

Percevoir + Décrypter + Décoder = Donner du sens pour produire ou reproduire

 

Chacune de ces étapes va dépendre de la situation inventée et des gestes mis à la disposition de l’élève ou de l’étudiant par le professeur. Quelles sont les aides que l’élève ou l’étudiant va pouvoir trouver grâce à la médiation de son professeur ? Dans une conduite de perception visuelle, l’élève doit être capable de mettre en place une structure mentale ou schème opérant, avec laquelle il devra, à tout moment, pouvoir se reconnecter, afin d’arriver à vivre l’expérience d’un problème mathématique, voire d'une émotion artistique.

La situation de lecture interroge les conduites de perception, comment intégrer des informations en fonction (de la place) de la médiation de l’enseignant ?

 

-          L’enseignant : « un passeur de signes »

 

L’enseignant est un intermédiaire entre le code et l’élève. Sa tâche consiste à stimuler, corriger, aider à suivre ; sa présence doit se faire de plus en plus efficiente en fonction des difficultés rencontrées. Il est un guide du temps, gardien de la démarche d'apprentissage, la médiation de ses gestes, un appui indispensable.

Jusqu’où l’enseignant sera-t-il à même de l’accompagner de sa présence ? Ne doit-il pas aussi savoir se retirer à certains moments ? Comment arriver à mettre en place une situation qui favorise la captation par le visuel d’une information et son cheminement qui permet le passage au mental ? La porte est bien étroite et dépend de la médiation de l’enseignant, de sa capacité à mettre en scène l’objet d’apprentissage au centre du décor. Cela requiert la centration du sujet sur la transformation du code visuel en un objet de savoir.

Comme peut l'être la partition pour le musicien, la trace est un témoin indispensable pour la mise en mémoire de l'objet de savoir. Mais la construction et l'utilisation de la trace, réclame en contrepartie de savoir la mettre en scène dans l'espace du plan d’un tableau, qu'il soit "noir" ou "interactif". Comment identifier les micro-gestes les plus efficients et repérer ceux qui peuvent très rapidement devenir de réels obstacles ? Cette question est essentielle pour le professeur de mathématiques qui va des heures durant, écrire le dos tourné à la classe.

Cette situation cherche à établir une correspondance entre une trace graphique plus ou moins prévue et sa mise en forme par l'enseignant dans le temps de la séance. Les aléas sont nombreux et la variabilité de son interprétation dépend de la réaction des élèves. Elle réclame une certaine maîtrise des micro-gestes utilisés pour lui permettre d’exister. Comme en musique, la préparation, dont l’origine est toujours une trace gestuée, comporte un certain nombre de codes appris, très précis et codés, mais son interprétation en est souvent bien plus libre : « La compétence requise, c’est la partition… la compétence réelle, c’est l’interprétation ou l’improvisation... La partition comporte des règles, des rythmes, des mesures, une clé, des thèmes, une forme, ... Elle est de l’ordre du prescrit. L’interprétation respecte les règles mais ne se réduit pas à leur application mécanique. Le talent du musicien ou de l’orchestre intervient »[1].

 

[1] LE BOTERF, Guy, (1998). L’ingénierie des compétences, Paris : Coll. Ressources Humaines, p. 145.