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la situation d'imitation

1/La situation d’imitation « répétez dit le maître ! »

 

-          Du point de vue de l’institution : « Des modèles et des règles »

 

Le professeur est un modèle, l’élève l’imite. Le principe est simple, la tâche est de reproduire et de s’approprier le plus fidèlement possible un modèle. On reconnait ce type de situation par le fait que la règle du jeu est la même pour tous, une question est lancée, la réponse nous revient dans l’instant par le groupe ou par un de ses membres. La tâche consiste à mémoriser un objet de savoir avant de le reproduire systématiquement. Cela suppose que le modèle soit le plus précis possible. La finalité institutionnelle étant de mettre tout le monde sur pied d’égalité, cela revient à apprendre à maîtriser un certain nombre de règles, de normes, de codes. Cela suppose un respect mutuel, chacun devant supporter le regard de l’autre dans le temps de la production partagée collectivement. Cela n’est rendu possible que grâce à certains signes et gestes très précis bien spécifiques selon les disciplines, qui doivent faire sens pour tous. L’enseignant dans un discours plus injonctif, imprègne davantage l’élève. Comme modèle, sa posture, dans l’usage des mots et gestes qu’il utilise, tout cela revêt une importance capitale.

Pour ce qui nous est plus familier nous pouvons parler ici du travail du chant, mais ce peut être aussi pour une lecture collective, que cette dernière soit en français ou encore dans l’apprentissage d’une langue étrangère. Ces signes sont des indices audibles et visibles, qui vont aider les élèves à réagir dans l’instant de leur production, le plus souvent orale. L’institution vise le sens commun, le respect par tous les élèves d’un cadre spatio-temporel et humain. L’ensemble est inscrit dans toute une variété de contraintes fortes, elles-mêmes liées à l’espace, au cadre du temps de la production collective, mais aussi liées aux règles qui régissent la vie du groupe. Chacun doit donner le meilleur de lui-même en vue de la réalisation d’une production collective. Cette situation s’inscrit dans une approche béhavioriste de l’enseignement « Différentes formes d’apprentissage, par empreinte, par habituation, par conditionnement, apprentissage associatif, coactif, par imitation, par instruction »[1]. (M. Bru, 2006) Nous sommes là dans le temps, d’un partage collectif de l’expérience artistique et esthétique.

-          L’élève ou l’étudiant : « un reproducteur »

 

L’élève doit être capable de se concentrer sur le modèle. Progressivement il doit percevoir et s’approprier les différents patterns de temps qui lui sont proposés, pour les reproduire le plus précisément possible. La difficulté est de reproduire le modèle de façon identique, sans le transformer. L’élève, après avoir mémorisé les motifs, les uns à la suite des autres, doit pouvoir  enchaîner la succession des propositions. Cela l’oblige à se concentrer, à s’investir totalement dans le geste vocal, instrumental et/ou corporel qu’il devra reproduire.

Les compétences en jeu sont nombreuses. Il apprend à se recentrer, à intégrer des éléments du langage : un fait de langue, un texte poétique, un temps musical. Il apprend aussi à supporter le regard de l’autre, à l’accepter dans sa différence et à le respecter. Un seul souci, l’élève ou l’étudiant est souvent évalué dans sa capacité à régurgiter ce qu’il a appris par cœur. La question qu’on ne peut s’empêcher de poser est la suivante : que perçoit-il réellement dans sa tête ? Ainsi, le processus d’appropriation passe par plusieurs étapes successives :

Percevoir + Repérer + S’approprier = Reproduire.

 

Cette addition des trois étapes qui précèdent la production/restitution, dépend étroitement du geste d’origine. L’interprétation de l’élève ou l’étudiant ne sera possible, que dans la capacité du modèle à être précis.

 

-          L’enseignant : « un animateur »

 

Le professeur est ici un animateur, il doit canaliser l’énergie du groupe, réguler et corriger dans l’instant les erreurs, faire reprendre, reproduire, tant que le modèle n’est pas intégré correctement. Le professeur est constamment sous le regard des tous les élèves. La situation est frontale, le groupe lui fait face. Animateur, il se situe devant le groupe. Il a l’ensemble des participants sous son regard. Lorsque l’enseignant donne un modèle vocal qu’il soit parlé, chanté, en français ou dans une autre langue, il est tributaire du temps de l’animation. Ce temps de l’animation est très particulier. Il ne doit pas s’interrompre si l’on veut maintenir l’attention et l’adhésion du groupe. Il doit être très structuré.

Deux temps sont repérables :

 

-          Le temps du maître, celui de la question posée.

-          Le temps de l’élève, celui de la restitution.

 

Le modèle est l’élément central dans l’apprentissage. Ce type de situation réclame des réactions particulières de la part du meneur de jeu, il faut que dans le temps, il puisse savoir maîtriser un certain nombre de gestes et micro-gestes très affûtés qui vont pouvoir réguler la situation dans l’instant de sa mise en scène. Par la précision de ces gestes, de son regard, va dépendre la qualité de la situation. Elle réclame la maîtrise d’un certain nombre de micro-gestes professionnels très précis. Indépendamment de la maîtrise de l’oralité, et des gestes qui la produisent, il faut en plus que l’enseignant sache maîtriser l’animation du groupe.

L’animateur, est l’âme du groupe (« Anima Animus »). Il doit apprendre à maîtriser le temps et l’espace, être capable d’arriver à ce que, par ses gestes, tous les élèves fassent la même chose en même temps. Cette situation réclame de savoir se situer par rapport à l’objet, de savoir faire le bon choix, d’être capable de bien le découper ou le fragmenter. L’apprentissage se fait en unités « patterns » de temps, de phrases ni trop longues ni trop courtes. Le rôle du modèle est capital, il doit être le plus précis possible. Tout un ensemble de gestes très techniques qui s’apprennent et demandent d’être apprivoisés mentalement, afin d’être capable d’en identifier la portée. Autant de micro-gestes professionnels spécifiques qui induisent le groupe et qui relèvent de la communication non verbale.

En formation, cette situation a des incidences, il faut savoir trouver sa place en face du groupe, il faut que l’étudiant apprenne à contrôler sa posture, sa gestuelle, ses mimiques, comment se déplacer en fonction des différents lieux : stabilité, tonicité… Plusieurs micro-gestes professionnels sont alors en jeu. Il faut essayer de repérer et de délimiter le rôle de toutes ces actions, dans l’animation d’un groupe.

Dans cette situation, le regard, est un indice capital pour déclencher la réponse du groupe ou d’un élève. Sans cette maîtrise de certains gestes précis et codifiés, pas de départ individuel ou collectif possible. La gestuelle, permet de diriger le groupe, de déclencher ce démarrage lors d’une production collective.

[1] BRU, Marc, (2006). Les méthodes en pédagogie, Paris : PUF p.18.